• Il marche sur le pont vide. Le soleil du matin met en avance l'ombre de la fanfare et des invités
    (Le ruban de l'inauguration est un lacet tremblant). Il dérive isolé sur l'asphalte du pont.
    La construction l'étonne. Il se penche.
    Ses bras caressent le volume du parapet gris. Au-delà l'eau glacée se contrarie.
    Il observe la trame. Son costume est neuf.
    Les prises de vue éclairent les bosquets coupés de frais. Le pont relie maintenant les deux rives des forêts qui fondent sous les vaguelettes de terre.
    Il marche et pense à son dessin. Ce gigantesque trait interrompu par quatre sphinges.


    Il la voit sur la plage de gravier, un manteau orné d'un petit col de fourrure.
    Ses cheveux clairs dissimulent partiellement son visage blanc.
    Il y a à côté d'elle un lilas, planté dans la nuit.
    Dans un mouvement à distance, les yeux de la silhouette se jettent lentement vers lui.


    L'angle d'une sphinge les protège maintenant du vent. Le dessin s'installe définitivement.
    Il ferme son visage et compte ce qu'il se prive de voir. Elle est sans élan face à lui.
    Les paroles échangées à distance restent inaudibles à la foule des spectateurs qui approchent.



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    La Bretagne ne m'est pas familière.
    Il existe dans ce jeu , une photographie d'une jeune femme, prise de dos à un carrefour
    avec en arrière-plan un aqueduc, elle marche.
    Devant elle, une voiture légère tourne.



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  • Nous nous demandons, le chien endormi à l'angle de la pièce, si ce voyage nous étonnera.

    Côte à côte assis dans la voiture de location, nous allons rechercher les lieux,
    l'aqueduc, l'itinéraire.
    Le commis de cuisine avec lequel j'ai mangé aujourd'hui au réfectoire est breton,
    mais les informations données sont minimes.
    Le service militaire l'a éloigné à jamais dit-il du Golfe du Morbihan et de sa famille.
    Il y a quinze jours sous un aqueduc dans le Midi, nous avons acheté un exemplaire du Magazine Littéraire consacré à Paul Nizan et un cahier N.R.F de 1978 contenant un hommage à Georges Perros. Au sortir des cours je me suis dirigé vers la librairie de la rue piétonne. Le local profond gainé d'étagères de bois verni est vidé de son contenu.
    Je reconnais la responsable qui écorche mon nom à chaque commande.
    Le déménagement est en cours vers un lieu plus visible,
    les livres reprendront leur place avant la fin du mois.

    Je chercherai ailleurs le motocycliste breton.


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  • Midi. Henri Matisse et Mel Gibson

     

    Prennent l'ascenseur.

     

    L'un cherche un motif important, l'autre

     

    Un whisky glacé.

     

    Ils ne se connaissent pas, ne

     

    Connaissent ni la ville ni le pays.

     

    Mel a dans la poche de son blouson des

     

    Cartes postales d'Océanie,

     

     

    Destinées à des amis australiens.

     

    Henri n'apprécie pas les nouveaux

     

    Ascenseurs aux glaces sombres.

     

    L'un a mal aux yeux, l'autre la bouche

     

    Sèche.


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  •  

     

    Henri et Mel se quittent au septième

     

    S'enferment et s'enfoncent

     

    respectivement dans leurs chambres.

     

    Midi quarante. Afrique de l'Ouest.

     

    Chambre 731, chambre 729.


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